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Bonjour !

  • : Ma p'tite chanson
  • : La chanson fait partie de notre vie. Elle accompagne notre quotidien, nos joies, nos peines... Peut-être apprendrez-vous quelque chose en parcourant ce blog. J'attends vos commentaires pour découvrir certains aspects de la chanson que je ne connais pas. A bientôt !
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Télérama - Musique

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 07:32

De nombreux compositeurs ont mis en musique des poèmes de Louis Aragon. Parmi les plus connus, on peut citer Léo Ferré (L'Affiche rouge, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?...), Georges Brassens (Il n'y a pas d'amour heureux), Jean Ferrat (Que serais-je sans toi ? Nous dormirons ensemble...), Charles Léonardi (Maintenant que la jeunesse), etc...

 

L’Etrangère

(Aragon - Ferré)

 

Il existe près des écluses 
Un bas quartier de bohémiens 
Dont la belle jeunesse s'use 
À démêler le tien du mien 
En bande on s'y rend en voiture, 
Ordinairement au mois d'août, 
Ils disent la bonne aventure 
Pour des piments et du vin doux 

On passe la nuit claire à boire 
On danse en frappant dans ses mains, 
On n'a pas le temps de le croire 
Il fait grand jour et c'est demain. 
On revient d'une seule traite 
Gais, sans un sou, vaguement gris, 
Avec des fleurs plein les charrettes 
Son destin dans la paume écrit. 

J'ai pris la main d'une éphémère 
Qui m'a suivi dans ma maison 
Elle avait des yeux d'outremer 
Elle en montrait la déraison. 
Elle avait la marche légère 
Et de longues jambes de faon, 
J'aimais déjà les étrangères 
Quand j'étais un petit enfant ! 

Celle-ci parla vite vite 
De l'odeur des magnolias, 
Sa robe tomba tout de suite 
Quand ma hâte la délia. 
En ce temps-là, j'étais crédule 
Un mot m'était promission, 
Et je prenais les campanules 
Pour des fleurs de la passion 

À chaque fois tout recommence 
Toute musique me saisit, 
Et la plus banale romance 
M'est éternelle poésie 
Nous avions joué de notre âme 
Un long jour, une courte nuit, 
Puis au matin : "Bonsoir madame" 
L'amour s'achève avec la pluie.

Je vous propose quelques versions de cette chanson. Bonne écoute !

 


 

 

 

 

 

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 19:00

Il y a peu, je parlais, avec un ami, de "La ballade des pendus" de François Villon (François de Montcorbier) et de l'interprétation qu'en a faite Serge Reggiani. Evoquant cette chanson, nous aurons tôt fait de dire "La ballade des pendus" de Serge Reggiani (cf. le titre de la video que je propose).

C'est souvent faire peu de cas des auteurs et des compositeurs. Aussi talentueux que soient les interprètes et sans nier la part importante qu'ils ont dans le succès d'une chanson, il y a une certaine injustice à ne pas citer les noms des auteurs et des compositeurs.

Pour la chanson dont il est question plus haut, le compositeur de cette très intéressante musique s'appelle Louis Bessières. Parmi ses plus belles réussites, on peut citer Saltimbanques (Guillaume Apollinaire) interprétée, entre autres, par Yves Montand. Mais encore Arthur, où t'as mis le corps ? (Boris Vian) ou Les loups sont entrés dans Paris (Albert Vidalie) interprétées par Serge Reggiani.


A partir d'aujourd'hui, je fais un effort !

 


 

 

Frères humains qui après nous vivez 

N'ayez les coeurs contre nous endurciz,
Car, ce pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez ci, attachés cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéca devorée et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie:
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir desdain, quoy que fusmes occiz
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas le sens rassiz;
Excusez nous, puis que sommes transsis,
Envers le filz de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre
Nous sommes mors, ame ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

La pluye nous a débuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noirciz:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ca, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A luy n'avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

 

 

 

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 18:56

Un message de L'Amandier

 

Bonjour, 

L'Amandier, présent depuis plus de 4 ans en Franche-Comté, agit pour le maintien de l'œuvre de Georges Brassens dans le patrimoine culturel collectif, et sa mise en valeur par l'organisation de manifestations favorisant sa diffusion.
Nous avons coordonné, pour marquer le 90ème anniversaire de sa naissance, un ensemble de 21 spectacles pour la période du 22 septembre au 22 octobre.

2011, les 90 ans de Brassens


Du fait de sa diversité, il pourrait s'intituler "Brassens en toute liberté".
Le document joint récapitule le programme, dont vous trouverez les détails sur   

http://amandier25.over-blog.fr/ 

Vous pourrez, si vous souhaitez être régulièrement tenus au courant de notre actualité, vous inscrire à notre "Lettre d'informations"
Au plaisir de vous retrouver, en poésie et en chanson,

Merci de diffuser cette information.


Bien cordialement.


L'Amandier  

 

90 ans 1548 90 ans 2549

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Et... à bientôt !

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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 09:50

Il y a des chansons que je peux écouter  très souvent et qui me font toujours le même effet. Cette chanson de Gilbert Bécaud, par exemple.

Elle fut écrite en 1953 par Louis Amade et Gilbert Bécaud.

 

"Des personnages légendaires et irréels, dans un décor qui ne l'est pas moins, passent en dansant sans vouloir s'arrêter nulle part. Ils ne possèdent que des chansons, et celui qui les a vus passer rêve de les suivre, mais les baladins ne font pas attention à lui." (R. Sprengers)

 

 

  Quelle invitation à un voyage dans l'imaginaire !

Les baladins qui serpentent les routes
Viennent de loin parmi les champs de blé
Les bonnes gens regardent et les écoutent
Et les étoiles leur parlent de danser
Les vieux châteaux dressés du fond du moyen âge
Semblent guider leurs pas légers comme un matin
Et parmi les donjons perchés dans les nuages
Des princesses leur font des signes avec les mains
Mais les gars de vingt ans qui ressembl'nt à des dieux
Insouciants et joyeux parmi leurs rondes folles
Passent sous les donjons sans dire une parole
Ils ne regardent pas les bras tendus vers eux

Danse donc, joli baladin
C'est la ballade, c'est la ballade
Danse donc, joli baladin
C'est la ballade d'Arlequin
Les baladins qui serpentent les routes
Qui sont-ils donc dans leur costume d'or ?
Des vagabonds ou des dieux en déroute ?
Ils n'ont que des chansons pour seul trésor
Quand ils n'auront plus soif, ayant bu à la brume
Ils danseront pieds nus sur des fils argentés
Que cinq mille araignées tisseront sous la lune
D'une branche de houx jusqu'aux sapins gelés
Ils sont accompagnés dans la ronde divine
Par les enfants des rois aux longs cheveux bouclés
C'est un cortège bleu de mille mandolines
Où flottent un peu partout des voiles de mariée

Danse donc, joli baladin
C'est la ballade, c'est la ballade
Danse donc, joli baladin
C'est la ballade de l'Arlequin

C'est ainsi que l'on vit le plus grand mariage
De la fille du vent avec un arlequin
Mais tout cela n'était qu'un fragile mirage
Et je reste tout seul avec mes lendemains

Ohé les baladins
Vous partez ?...
Emmenez-moi.

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 15:05

Depuis très longtemps, un vide-grenier est organisé dans mon village, à Villersexel, le 1er mai.

Je vous fais donc part d'une de mes trouvailles de ce matin : un paquet de partitions anciennes. Et parmi ces partitions...

 

Gastibelza.jpg

Gastibelza - Paroles de Monsieur Victor Hugo - Musique de Hippolyte Monpou. Si l'on observe la taille des caractères, Victor passe vraiment au second plan !

Hippolyte Monpou (1804-1841) est un compositeur et organiste français.

Mais je vous avais déjà parlé d'Hippolyte dans un autre article. Voir ICI.

Et puis une autre...

Le roi boiteux

 

Un autre poème que Georges Brassens a mis en musique. Ici, c'est Gustave Nadaud qui en composa la musique.

Bonne pêche aujourd'hui !

Demain, suite de mes trouvailles !


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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 07:02

Ce texte de Paul Fort (voir l'article précédent) fut également mis en musique par Pierre Perret. Il est intéressant de comparer les versions de Brassens et de Perret. On se rend bien compte, ici, comment la prosodie impose des rythmes, voire des mélodies aux compositeurs.

 

Bonne écoute et n'oubliez pas de réécouter la version de Georges Brassens chantée par Gricha Mouloudji.

 

Perret-Corde1495.jpg


La Corde

(Paul Fort)

Pourquoi renouer l'amourette ? 
C'est-y bien la peine d'aimer ?
Le câble est cassé, fillette.
C'est-y toi qu'a trop tiré ?

C'est-y moi ? C'est-y un autre ? C'est-y le bon Dieu des chrétiens ? 
Il est cassé ; c'est la faute à personne ; on le sait bien.

L'amour, ça passe dans tant de coeurs ; c'est une corde à tant d' vaisseaux,
Et ça passe dans tant d'anneaux, à qui la faute si ça s'use ?

Y a trop d'amoureux sur terre, à tirer sur l' même péché.
C'est-y la faute à l'amour, si sa corde est si usée ?


Pourquoi renouer l'amourette ?
C'est-y bien la peine d'aimer ?
Le câble est cassé, fillette,
Et c'est toi qu'a trop tiré.


Brassensiades 2011
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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 18:53

Georges Brassens a mis en musique plusieurs  textes de poètes mais celui-là est un peu particulier. Il l'a mis en musique mais n'a jamais chanté cette chanson sur scène et ne l'a pas enregistrée. Il l'a proposée à Mouloudji qui l'a laissée plusieurs années dans ses tiroirs jusqu'à ce que son fils Gricha la mette à son répertoire et l'enregistre.

 

Grischa-Mouloudji---Chansons-grises-Chansons-Roses.jpg

 

Un "ami de chansons" - que je salue et remercie au passage - m'a déniché cet enregistrement que je vous propose aujourd'hui. La ressemblance de la voix avec celle de Marcel est très frappante.


 

La Corde

(Paul Fort)

Pourquoi renouer l'amourette ? 
C'est-y bien la peine d'aimer ?
Le câble est cassé, fillette.
C'est-y toi qu'a trop tiré ?

C'est-y moi ? C'est-y un autre ? C'est-y le bon Dieu des chrétiens ? 
Il est cassé ; c'est la faute à personne ; on le sait bien.

L'amour, ça passe dans tant de coeurs ; c'est une corde à tant d' vaisseaux,
Et ça passe dans tant d'anneaux, à qui la faute si ça s'use ?

Y a trop d'amoureux sur terre, à tirer sur l' même péché.
C'est-y la faute à l'amour, si sa corde est si usée ?


Pourquoi renouer l'amourette ?
C'est-y bien la peine d'aimer ?
Le câble est cassé, fillette,
Et c'est toi qu'a trop tiré.

 

criturepaulfort3bve0

Un manuscrit de Paul Fort.

 

"La poésie, c'est une chanson qu'on parle."

 


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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 16:12

En faisant une petite recherche concernant ce poète, j'ai fait quelques découvertes sur internet et j'aimerais vous en faire profiter.

1er exemple : les partitions d'une soixantaine de chansons légères de Gustave Nadaud.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37455n/f1.image

2ème exemple : un article sur la chanson dans la revue Le monde moderne (mars 1895) où il est aussi question de ce poète. L'article se termine par "La chanson est comme le phénix, elle renaît toujours et partout de ses cendres. La chanson ne peut pas mourir."

Mais vous pourrez aussi trouver la recette du boudin de merlan à la crème et à l'avant-dernière page commander du vin de table de Vaucluse, franc de goût et de couleur, titrant 9° et supportant bien l'eau !!!... A cette époque-là, on ne badinait pas ; il fallait commander un tonneau de 225 litres ! Vous pourrez également lire un article sur le travail de nuit des femmes...etc...

http://www.archive.org/stream/n3lemondemod1895pariuoft#page/388/mode/2up

 

 f1.highres.jpeg

Ah ! Au fait, pourquoi Nadaud ?

Georges Brassens lui emprunta un texte qu'il mit en musique : Le roi boiteux.



 

Un roi d'Espagne, ou bien de France,
Avait un cor, un cor au pied ;
C'était au pied gauche, je pense ;
Il boitait à faire pitié.

Les courtisans, espace adroite,
S'appliquèrent à l'imiter,
Et qui de gauche, qui de droite,
Il apprirent tous à boiter.

On vit bientot le bénéfice
Que cette mode rapportait ;
Et de l'antichambre à l'office,
Tout le monde boitait, boitait.

Un jour, un seigneur de province,
Oubliant son nouveau métier,
Vint à passer devant le prince,
Ferme et droit comme un peuplier.

Tout le monde se mit à rire,
Excepté le roi qui, tout bas,
Murmura : "Monsieur, qu'est-ce à dire ?
Je vois que vous ne boitez pas."

"Sire, quelle erreur est la vôtre!
Je suis criblé de cors. Voyez !
Si je marche plus droit qu'un autre,
C'est que je boite des deux pieds."

 

Les choses ont-elles beaucoup changé ???

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 07:38

medium_MOREAU_HEGESIPE.jpg

 

Il serait étonnant que vous ayez dans vos connaissances une personne portant ce prénom. Seulement 90 enfants furent prénommés ainsi depuis 1900 !

 Issu du verbe grec égoumai, conduire, et hippos, le cheval, ce nom signifiant le cavalier apparaît à plusieurs reprises dans l'Antiquité. 

Mais qui était Hégésippe Moreau (de son vrai nom Pierre-Jacques Roulliot) ?

Ecrivain, poète et journaliste français, né et mort à Paris (1810 - 1838).

Poète mal compris, mal-aimé, Hégésippe Moreau reste un poète attachant du XIXème siècle, mort trop jeune, tombé dans l'oubli même si une rue parisienne porte son nom (XVIIIème arr.)

(Sources Wikipédia)

On sait que Georges Brassens était féru de poésie et qu'il aimait se plonger dans la lecture des poètes.

Il découvrit ce texte de Moreau qu'il mit en musique. Un très beau texte qui donne à réfléchir et qui nous rappelle qu'aimer est certainement ce qu'il y a de plus urgent à faire dans la vie.

Cette chanson fut interprétée par les Compagnons de la Chanson.

 

Hélas, si j'avais su lorsque ma voix qui prêche
T'ennuyait de leçons, que sur toi rose et fraîche
L'oiseau noir du malheur planait inaperçu,
Que la fièvre guettait sa proie et que la porte
Où tu jouais hier te verrait passer morte
Hélas, si j'avais su !

Enfant, je t'aurais fait l'existence bien douce,
Sous chacun de tes pas j'aurais mis de la mousse ;
Tes ris auraient sonné chacun de tes instants ;
Et j'aurais fait tenir dans ta petite vie
Des trésors de bonheur immense à faire envie
Aux heureux de cent ans.

Loin des bancs où pâlit l'enfance prisonnière,
Nous aurions fait tous deux l'école buissonnière.
Au milieu des parfums et des champs d'alentour
J'aurais vidé les nids pour emplir ta corbeille ;
Et je t'aurais donné plus de fleurs qu'une abeille
N'en peut voir en un jour.

Puis, quand le vieux janvier les épaules drapées
D'un long manteau de neige et suivi de poupées,
De magots, de pantins, minuit sonnant accourt ;
Parmi tous les cadeaux qui pleuvent pour étrenne,
Je t'aurais faite asseoir comme une jeune reine
Au milieu de sa cour.

Mais je ne savais pas et je prêchais encore ;
Sûr de ton avenir, je le pressais d'éclore,
Quand tout à coup pleurant un pauvre espoir déçu,
De ta petite main j'ai vu tomber le livre ;
Tu cessas à la fois de m'entendre et de vivre
Hélas, si j'avais su !

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 15:45

Bonne fête aux Véronique ! Sainte Véronique qui fut témoin de cet amour impossible !

Georges Brassens a mis en musique des textes de poètes et parmi eux Victor Hugo.

Vous connaissez tous La légende de la Nonne mais saviez-vous que Georges Brassens a fait "un choix" parmi les strophes de ce long poème de Victor Hugo.

Je vous propose le texte intégral de ce poème et la chanson de Georges Brassens. Pour moi, une de ses plus belles mélodies !

 

 

52.jpg

Venez, vous dont l’œil étincelle, 
Pour entendre une histoire encor, 
Approchez : je vous dirai celle 
De doña Padilla del Flor. 
Elle était d’Alanje, où s’entassent 
Les collines et les halliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Il est des filles à Grenade, 
Il en est à Séville aussi, 
Qui, pour la moindre sérénade, 
À l’amour demandent merci ; 
Il en est que d’abord embrassent, 
Le soir, de hardis cavaliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Ce n’est pas sur ce ton frivole 
Qu’il faut parler de Padilla, 
Car jamais prunelle espagnole 
D’un feu plus chaste ne brilla ; 
Elle fuyait ceux qui pourchassent 
Les filles sous les peupliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Rien ne touchait ce cœur farouche, 
Ni doux soins, ni propos joyeux ; 
Pour un mot d’une belle bouche, 
Pour un signe de deux beaux yeux, 
On sait qu’il n’est rien que ne fassent 
Les seigneurs et les bacheliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Elle prit le voile à Tolède, 
Au grand soupir des gens du lieu, 
Comme si, quand on n’est pas laide, 
On avait droit d’épouser Dieu. 
Peu s’en fallut que ne pleurassent 
Les soudards et les écoliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Mais elle disait : « Loin du monde, 
Vivre et prier pour les méchants ! 
Quel bonheur ! quelle paix profonde 
Dans la prière et dans les chants ! 
Là, si les démons nous menacent, 
Les anges sont nos boucliers ! » 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Or, la belle à peine cloîtrée, 
Amour en son cœur s’installa. 
Un fier brigand de la contrée 
Vint alors et dit : Me voilà ! 
Quelquefois les brigands surpassent 
En audace les chevaliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Il était laid : les traits austères, 
La main plus rude que le gant ; 
Mais l’amour a bien des mystères, 
Et la nonne aima le brigand. 
On voit des biches qui remplacent 
Leurs beaux cerfs par des sangliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Pour franchir la sainte limite, 
Pour approcher du saint couvent, 
Souvent le brigand d’un ermite 
Prenait le cilice et souvent 
La cotte de maille où s’enchâssent 
Les croix noires des Templiers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

La nonne osa, dit la chronique, 
Au brigand par l’enfer conduit, 
Aux pieds de sainte Véronique 
Donner un rendez-vous la nuit, 
À l’heure où les corbeaux croassent, 
Volant dans l’ombre par milliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Padilla voulait, anathème ! 
Oubliant sa vie en un jour, 
Se livrer, dans l’église même, 
Sainte à l’enfer, vierge à l’amour, 
Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent 
Les cierges sur les chandeliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Or quand, dans la nef descendue, 
La nonne appela le bandit, 
Au lieu de la voix attendue, 
C’est la foudre qui répondit. 
Dieu voulu que ses coups frappassent 
Les amants par Satan liés. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Aujourd’hui, des fureurs divines 
Le pâtre enflammant ses récits, 
Vous montre au penchant des ravines 
Quelques tronçons de murs noircis, 
Deux clochers que les ans crevassent, 
Dont l’abri tuerait ses béliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Quand la nuit, du cloître gothique 
Brunissant les portails béants, 
Change à l’horizon fantastique 
Les deux clochers en deux géants ; 
À l’heure où les corbeaux croassent, 
Volant dans l’ombre par milliers... 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Une nonne, avec une lampe, 
Sort d’une cellule à minuit ; 
Le long des murs le spectre rampe, 
Un autre fantôme le suit ; 
Des chaînes sur leurs pieds s’amassent, 
De lourds carcans sont leurs colliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

La lampe vient, s’éclipse, brille, 
Sous les arceaux court se cacher, 
Puis tremble derrière une grille, 
Puis scintille au bout d’un clocher ; 
Et ses rayons dans l’ombre tracent 
Des fantômes multipliés. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Les deux spectres qu’un feu dévore, 
Traînant leur suaire en lambeaux, 
Se cherchent pour s’unir encore, 
En trébuchant sur des tombeaux ; 
Leurs pas aveugles s’embarrassent 
Dans les marches des escaliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Mais ce sont des escaliers fées, 
Qui sous eux s’embrouillent toujours ; 
L’un est aux caves étouffées, 
Quand l’autre marche au front des tours ; 
Sous leurs pieds, sans fin se déplacent 
Les étages et les paliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Élevant leurs voix sépulcrales, 
Se cherchant les bras étendus, 
Ils vont... Les magiques spirales 
Mêlent leurs pas toujours perdus ; 
Ils s’épuisent et se harassent 
En détours, sans cesse oubliés. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

La pluie alors, à larges gouttes, 
Bat les vitraux frêles et froids ; 
Le vent siffle aux brèches des voûtes ; 
Une plainte sort des beffrois ; 
On entend des soupirs qui glacent, 
Des rires d’esprits familiers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Une voix faible, une voix haute, 
Disent : « Quand finiront les jours ? 
Ah ! nous souffrons par notre faute ; 
Mais l’éternité, c’est toujours ! 
Là, les mains des heures se lassent 
À retourner les sabliers... » 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

L’enfer, hélas ! ne peut s’éteindre. 
Toutes les nuits, dans ce manoir, 
Se cherchent sans jamais s’atteindre 
Une ombre blanche, un spectre noir, 
Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent 
Les cierges sur les chandeliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Si, tremblant à ces bruits étranges, 
Quelque nocturne voyageur, 
En se signant demande aux anges 
Sur qui sévit le Dieu vengeur, 
Des serpents de feu qui s’enlacent 
Tracent deux noms sur les piliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers ! 

Cette histoire de la novice, 
Saint Ildefonse, abbé, voulut 
Qu’afin de préserver du vice 
Les vierges qui font leur salut, 
Les prieures la racontassent 
Dans tous les couvents réguliers. 
- Enfants, voici des bœufs qui passent, 
Cachez vos rouges tabliers !

Avril 1828

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